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Les tixiers en toile constituaient des
entreprises familiales, sortes de petites P.M.E. Selon leur importance, ils
employaient un certain nombre de tisserands (ouvriers). Leur production
était écoulée auprès des marchands drapiers, qui fixaient les cours et
dont on peut imaginer qu'ils étaient craints. La mécanisation va ruiner ces
petites entreprises, les Rioland n'y échapperont pas, pourtant l'une d'entre
elles subsiste encore ! Elle est située à Vicq et emploie 48 salariés, à
l'époque de nos recherches elle était toujours dirigée par une Rioland
(Jacqueline). Toutefois, au XXème siècle, les reconversions successives font
qu'elle consacre aujourd'hui son activité à la fabrication d'articles de
maroquinerie pour Haute Couture.
Robert et Alexandre, son fils aîné, semblent avoir connu un âge d'or dans
la profession. Leurs signatures au bas des actes, fines et déliées, attestent un
niveau de culture certain. Robert entretenait des relations étroites avec les
de Bonnafau, seigneurs de Châteauvieux : Marie et Louise seront marraines,
respectivement de Marie et de Louis. Ce même Louis semble avoir été destiné dès
sa naissance à la prêtrise et le curé Dupont fut son parrain, mais le sort en
décida autrement… et Mathurine Marion y fut peut-être pour quelque chose
! Louis ne fut que sacristain, mais il eut l'insigne honneur d'être
inhumé dans l'église-même. La présence répétée d'Alexandre au bas des
actes (mariages, naissances) prouve qu'il bénéficiait de la même considération
que son père. Sa vie conjugale fut malheureuse, il connut par deux fois le
veuvage, mais le sort de son fils aîné, Louis, fut encore plus tragique.
Pourtant, tout avait bien commencé. Louis, par son mariage avec Françoise
Vignier, quittait le giron familial et créait sa propre entreprise dans la
paroisse voisine, Villentrois, au lieu-dit la Saussardière. Jusqu'en 1718, tout
alla fort bien, la bourgeoisie de Valençay était unie au jeune couple, les
enfants nés se voyaient offerts d'illustres parrains : les Lucas, en
premier lieu, marchand drapier, évidemment ! qualifiés de messire !
Jean-Daniel Mouzay, fils d'un … docteur en médecine, Claude Durand,
un autre marchand drapier, Marie-Magdeleine, épouse de Jean Lelarge
maître-chirurgien… … En 1719, une des terribles épidémies qui ravagèrent le
XVIIIème siècle, s'abattit sur la Saussardière : le 15 octobre, le petit
Gabriel (2 ans et 9 mois) décède, le 24, c'est au tour de Jean-Daniel
(4 ans) et de Louis (8 ans). René sera épargné, pour un temps, il
décèdera en 1736, l'année de ses 18 ans. Et comme un malheur, dit-on, n'arrive
jamais seul, il est probable que la mécanisation qui frappe les petits artisans,
abaissant les coûts de production, ruine l'entreprise. Sur 9 enfants (et
probablement même 10) 4 seulement vont survivre. Les oncles et tantes feront
office de parrains et de marraines, il n'est plus question |
d'engager des dépenses en invitations
de prestige, Louis ne pourra pas envoyer ses enfants à l'école et la génération
suivante retombera dans l'analphabétisme. De nouveau, nous trouvons au bas des
actes "qui déclare ne scavoir signer" !
Françoise a dépassé la quarantaine et Louis en a près de 50, quand
naît un garçon, prénommé à son tour, Louis, Louis (2) pour sauver
(enfin !) la filiation. Il apprendra le métier de tisserand mais les commandes
sont insuffisantes et il doit ajouter à ses occupations les travaux agricoles,
l'appellation de tisserand s'efface le plus souvent derrière celle de
journalier agricole.
Cette
condition sera celle de son fils aîné Louis (3) qui épousera, à la veille
de la Révolution, Marie Güi, une … domestique. Le grand brassage qui
suivra la Révolution et l'Empire va profiter aux Rioland.
Nous
ignorons pourquoi et comment cet autre Louis (4) va épouser
Marie-Magdelaine Touchelet à Nouans-les-Fontaines, en Touraine. Une
vingtaine de kilomètres (5 lieues) séparent les deux localités. C'est le premier
déplacement important depuis l'origine de la famille. (Ces déplacements vont
s'intensifier tout au long du siècle, c'est le début de la grande migration vers
les villes et … Paris, la capitale ! Qui apparaît, aux yeux des ruraux les plus
audacieux, comme un El Dorado). Louis n'ira pas plus loin que …
Nouans-les-Fontaines ; peut-être y avait-il été "placé", comme garçon de ferme.
Il n'y restera pas, et reviendra vivre et travailler avec la jeune épousée à la
Saussardière. Ce dernier des Louis devait faire preuve de ténacité et de
courage, il achètera des terres, bâtira sa maison et, vers la fin de sa vie,
pourra fièrement ajouter au bas des actes : journalier, propriétaire vigneron
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Avec son fils Francois-Silvain commence une
génération de meuniers. Le métier à tisser que son père avait encore utilisé
occasionnellement est désormais abandonné. François est placé très jeune chez
les Laugeon, meunier au bourg du château à Villentrois. Marguerite
Laugeon avait épousé un Louis Rioland, issu d'une autre branche (Lye), veuve,
elle se remarie avec Marc Croisé dont elle a une fille Marguerite. La suite est
facile à deviner. François passe du statut de garçon-meunier à celui de
meunier. Toutefois, le moulin du bourg du château ira au fils aîné de
la famille Laugeon-Croisé. François et Marguerite émigrent dans la
commune voisine, Lye et s'installent au moulin des bancs, sur le
petit ruisseau du Traîne-feuilles. Hélas, il est dit que le malheur ne
cessera de harceler la famille. Une épidémie de typhoïde emporte le 19 avril
1858 la fille Juliette, âgée de 14 ans, et huit jours après … François ! le père
! laissant à Marguerite 8 enfants à charge : l'aînée, Marguerite, qui
épousera le meunier Chabot, a 21 ans, la plus jeune, Maria-Amelina n'a
pas 2 ans. Marguerite, la mère, ne se remariera pas, elle fera preuve de
beaucoup de courage, reviendra vivre près de la Saussardière, à la
Pigeonnière, elle fera des travaux de couture et des tâches ménagères. Elle
apprendra elle-même la couture à ses filles qui seront placées comme domestiques
et connaîtront des sorts divers.
L'aînée épousera donc un meunier de Seigy, Eugène, l'aîné des fils, sera
également meunier, à Nouans-les-Fontaines pour des raisons que nous
ignorons, mais qui tendraient à prouver que le passage du grand-père Louis chez
les Touchelet avait laissé des marques. Eugène fera venir près de lui son jeune
frère Jules-Alexandre, meunier également, notre bisaïeul, et c'est à
Nouans-les-Fontaines que la jeune épouse Victoire Méry donnera naissance
à notre grand-père Jules-Alexandre (2) (Dans la famille, la légende voulait que
François ait été si riche qu'il avait offert 5 moulins à ses enfants ! la
réalité est moins romantique : 5 des enfants de François furent
garçons-meuniers, ou, pour les filles, épousèrent des meuniers ! Mais au
diable les historiens, les légendes sont si belles !)
La suite de cette histoire appartient à
un passé récent et fera l'objet de notes séparées.
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